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Photo du rédacteurPatricia Bourrillon

La rencontre amoureuse dans nos villes modernes

Invitée la veille de la Saint Valentin à débattre sur le thème de l’amour dans les villes au XXIème siècle, je vous livre aujourd’hui mes réflexions sur les articles qui nous avaient été présentés par notre hôte et sur les remarques d’autres convives sur un sujet plus épineux qu’il n’y paraît…



1. Les rencontres au XXIème siècle, une impulsion numérique ?


Ce qui me frappe tout d’abord dans l’enquête soumise par notre hôte, Nos cœurs sauvages, réalisée par la journaliste France Ortelli – comme d’ailleurs dans nombre d’ouvrages sur le thème des rencontres amoureuses que je lis depuis plusieurs années -, la rencontre est exclusivement envisagée sous l'angle des outils numériques : sites et applications.


France Ortelli écrit en effet qu’autrefois les personnes se rencontraient dans les bals et qu’aujourd’hui elles se rencontrent… devant leur écran respectif.


Quant aux nombreux livres explorant le thème de l’amour, tous présupposent que « vous avez créé un profil attrayant illustré par de jolies photos » et que vous êtes prêts dès lors à faire entrer l’amour dans votre vie.


Les sites et applications semblent donc être devenus la norme, voire la seule façon de rencontrer un homme ou une femme de nos jours.


Je suis très étonnée et un peu choquée de cette façon d’envisager la rencontre. Journalistes et auteurs excluent la rencontre amoureuse « dans la vraie vie », et leurs articles et ouvrages sont donc, pour moi, biaisés. En effet, les personnes ne pourraient-elles pas se rencontrer dans leurs moments de loisirs, dans des activités sportives ou culturelles, par exemple ? Ne pourraient-elles pas se rencontrer sur leur lieu de travail ou d’études ? Deux personnes ne pourraient-elles pas être présentées l’une à l’autre par des amis communs ? Elles le pourraient… mais aussi déconcertée que je puisse être par cette façon de présenter la rencontre amoureuse, aussi réductrice que je puisse la considérer, je tends de plus en plus à penser qu’elle reflète une désolante vérité.



2. Les rencontres au XXIème siècle, une impulsion numérique

*soupir de consternation*


Mes observations et les remarques des autres convives à ce dîner me poussent à penser que, effectivement, beaucoup de personnes n’abordent la rencontre que par les sites et applications qui y sont dédiés.


J’en veux pour preuve cet homme et cette femme qui se croisent régulièrement et depuis plusieurs années dans le voisinage, qui se retrouvent souvent autour de la même table au restaurant, réunis par des connaissances communes, qui échangent volontiers ensemble à chaque rencontre… et qui, pourtant, ne se sont donnés rendez-vous qu’une fois qu’ils se sont croisés… sur une application de rencontre.


Ce récit m’a stupéfaite. Je n’avais pas compris à quel point la rencontre et ses codes avaient changé avant que ne m’éclairent d’autres participants au débat.



3. De nouveaux codes


D’après ces personnes, il serait aujourd’hui devenu très difficile pour un homme d’aborder une femme « dans la vraie vie ». Après des mouvements tels que « balance ton porc » ou encore « me too », les hommes, prétendant craindre d’être considérés comme malotrus – ou pire – se refusent à aborder les femmes.


Pour eux, les croiser sur une application de rencontres serait le signe « qu’elles sont ouvertes à la rencontre », et ils seraient ainsi plus enclins à prendre contact.


Par conséquent, pour une femme comme pour un homme, ne pas être présent sur une application de rencontres signifierait « ne pas chercher à rencontrer quelqu’un ».


Curieuse déduction et triste comportement. Non seulement voilà femmes et hommes contraints à s’afficher sur les applications de rencontre comme des produits de consommation dans les rayons des supermarchés, mais en plus voilà tuée la magie d’une rencontre, sacrifiée sur l’autel du numérique – ou de la couardise.


Ensuite, cette croyance qu’avoir un profil sur un site de rencontres implique que l’on est à la recherche d’un partenaire dérive souvent, et « être à la recherche de » devient, pour certains, « être disponible pour tout le monde ». Si certains se réjouissent de voir ainsi tomber les barrières, il s’ensuit parfois, pour d’autres, de cuisantes déconvenues.


Enfin, la croyance que ne pas être présent sur un site de rencontres revient à ne pas être ouvert à la rencontre amoureuse condamne beaucoup d’hommes et de femmes à l’indifférence et à la solitude.


Je m’interroge : cette idée ne serait-elle pas qu’un lâche prétexte, une bonne raison de se cacher devant son écran et éviter ainsi d’aller à la rencontre de l’autre et essuyer un éventuel refus ?


Encore une fois, la technologie nous dote d’incroyables outils… et nous aliène.


Empoignons donc notre courage et remettons de la magie dans nos vies !



Des éléments décoratifs suspendus
Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu.


4. La technologie au service de l’amour ?


La façon dont certains auteurs encensent la technologie et louent les services qu’elle nous rend est donc le second point qui me frappe. Certains d’entre vous auront peut-être lu mon article De la Nature à la Science : https://legrimoiredagaberte.wixsite.com/agaberte/post/de-la-nature-a-la-science . Ceux-là savent que je ne vois pas toujours la technologie d’un très bon œil. Les autres auront peut-être la curiosité de lire l’article pour en découvrir les raisons…


Les études réalisées ont observé que la solitude – ou le sentiment de solitude – a crû dans nos villes ces dernières décennies. J’émets l’hypothèse que la solitude croît parce que la technologie se répand.


Que pensez-vous, par exemple, des réseaux sociaux ? On y crée des événements « ouverts à tous » auquel quiconque l’aperçoit en déroulant frénétiquement l’écran de son téléphone peut choisir de « participer ». On y invite en masse ces quelques 300 « amis » mais personne ne reçoit véritablement d’invitation personnelle qui laisserait entendre que l’hôte souhaite réellement sa présence. De ce fait, son absence sera-t-elle remarquée ? Dans ce vicieux travers – un des nombreux « progrès » de la technologie – se glisse sournoisement le sentiment de solitude dans le cœur des utilisateurs.


Il en est de même des sites et des applications de rencontre. Leurs utilisateurs partent « à la pêche ». Ils envoient leur ligne ici et là et ne remontent que le poisson qui mord à l’appât. Vous sentiriez-vous réellement désiré dans cette situation ? J’aperçois encore le sentiment de solitude se faufiler dans la fissure numérique et l’estime de soi s’échapper.


Tout me porte à croire que la technologie, si elle paraît étendre les possibilités de rencontres, démunit l’être humain de ses qualités telles que, comme je l’ai évoqué plus haut, le courage, et le laisse seul et dépité dans la multitude.



5. Comment alors envisager la rencontre ?


Contrairement aux idées actuelles, un lien véritable entre deux personnes ne s’établit pas parce qu’elles possèdent toutes les deux un compte sur la même application de rencontres mais parce qu’elles partagent des centres d’intérêts et des mêmes valeurs.


La vie les mettra sur le même chemin parce qu’elles nourrissent une même passion ou défendent une même cause. Elles n’auront qu’à faire confiance à la vie ! Qu’elles commencent cependant par quitter les yeux de leur écran, lever la tête et regarder autour d’elles. C’est là que réside la magie. C’est là que se trouve leur liberté. C’est là qu’elles rencontreront l’amour.



Patricia,

Votre coach



Toute reproduction, représentation, modification, publication, adaptation, de tout ou partie des éléments du site, quel que soit le moyen ou le procédé est interdite, sauf autorisation écrite préalable de Patricia Bourrillon.

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