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Photo du rédacteurPatricia Bourrillon

XVIIème siècle - XXIème siècle - Analogies

L’histoire que je vais vous raconter se passe au XVIIème siècle en France et en Europe. Et se répète au XXIème siècle en France et partout ailleurs dans le Monde. Le contexte est, nous allons le voir, quelque peu différent, mais les rouages restent les mêmes, et c’est précisément là-dessus que je souhaite attirer votre attention.


1. Chapitre 1er - Je plante le décor

· XVIIème siècle

L’Eglise, qui souhaitait s’imposer face aux cultes païens, a littéralement diabolisé le paganisme et les païens, sorcières et sorciers voués au Diable, selon elle.

Cette croyance obsédante que des sorcières et des sorciers voués au Diable vivent parmi nous s’est largement répandue dans la population, et tout un chacun, aussi bien dans les villes que dans les campagnes, SAIT que ces femmes et ces hommes sont non seulement les outils du Diable pour répandre des malheurs (famines, mauvaises récoltes, maladies, mauvais temps…) mais aussi permettent aux démons de posséder les personnes.


La peur d’être possédé se répand partout dans le pays et les pays voisins, et s’empare de chacun.

· XXIème siècle

A la fin de l’année 2019, les autorités alertent la population sur la circulation d'un virus très contagieux et mortel en Chine. Au printemps 2020, ce virus semble s’être répandu dans chaque pays du Monde, et tout un chacun SAIT que sa santé, voire sa vie, et celles de tous sont menacées.


La peur de tomber malade ou de mourir se répand partout dans le Monde, et s’empare d’une majorité de personnes.


Un géant assis dans une ville
La peur contemplant le Monde

2. Chapitre 2nd - Je vous parle des comportements qui découlent de la peur collective

· XVIIème siècle

Pour se protéger des sorcières et sorciers et éviter d’être possédé par un démon, les habitants des villes comme des campagnes, redoublent de gestes de protection : prières, pèlerinages…

Et, de peur d’être accusé soi-même de sorcellerie, on fait bien attention à la façon dont on tient son chapelet, on prend de l’eau bénite, on dit la messe…

Très vite, la peur d’être possédé par un démon amène à des dénonciations. On accuse son voisin, un passant innocent, une cordière, un villageois, un citadin… de sorcellerie. Une dénonciation et la messe est dite – si vous me permettez l’expression : la personne est pendue, brûlée ou lapidée dans la rue par ses semblables aux prises avec la terreur ambiante. Bientôt l’on désignera ses opposants ou la femme que l’on courtisait et qui s’est refusée…

Parce que lorsque l’on est pris par la peur d’être possédé par un démon, on voit des maléfices et des sorciers partout.

Et parce qu’enfin, lorsqu’une croyance devient envahissante et obsédante naît un fanatisme qui entraîne des comportements dangereux.

· XXIème siècle

Afin d’éviter d’attraper le virus, on met en place des gestes dits barrières : on n’embrasse plus sa famille, ses amis et ses collègues, on tousse dans son coude, on se lave les mains et on jette son mouchoir jetable. Bientôt on se confine, on sort sous conditions et jamais sans son attestation, on reste à un mètre les uns des autres. On va très vite voir apparaître d’autres comportements qui s’apparentent à de véritables rituels, surgis finalement on ne sait d’où, mais qui sont susceptibles de nous protéger du virus : se déshabiller entièrement sur son palier quand on revient des courses, désinfecter ses boîtes de céréales, aérer son sac pendant trois heures, faire trois fois le tour du salon en sautant sur un pied.

La peur d’être touché par ce virus redoutable et la frustration des mesures prises à son encontre amènent aussi à des comportements inattendus, parfois risibles : les supermarchés sont pris d’assaut et certains rayons vidés en quelques heures (pâtes, riz, farine, produits pour bébés et… papier toilette).


Et puis la méfiance s’installe, et l’on voit bientôt apparaître d’autres comportements : des comportements de solidarité, certes, mais aussi des dénonciations de personnes qui passent un moment assis sur un banc public – « Je ne veux pas citer de nom, mais, tenez, j’ai pris des photos » - ou d’un voisin qui tond la pelouse pour rendre service… On entend des railleries sur des personnes qui font du jogging pour la première fois. On lit des insultes sur les réseaux sociaux.

Bientôt les comportements se font plus violents encore, et l’on voit apparaître des actes de malveillance : voitures cassées, vols… pour obtenir de quoi se protéger… comme on le croit.

Parce que lorsqu’on a peur d’être atteint d’une maladie, on pense que les autres sont porteurs du virus et qu’ils le diffusent sciemment ou par stupidité.


Parce qu’on veut bien respecter les mesures de sécurité… mais seulement si le voisin le fait aussi.


Parce que quand la peur est intenable, on est poussé à de terribles extrémités.

Et parce qu’enfin, lorsqu’une croyance devient envahissante et obsédante naît un fanatisme qui entraîne des comportements dangereux.



3. Chapitre 3ème – Je vous parle des autorités et du pouvoir en place

· XVIIème siècle

L’Eglise – qui a créé cette terreur collective – et l’Etat entretiennent les superstitions, raffermissent les croyances démoniaques et, donc, maintiennent les comportements violents qui en découlent. Des prières particulières sont dites face à la multitude des démoniaques. Les inquisiteurs ordonnent des processions pour retrouver les personnes atteintes par la griffe du Diable. Les procédures criminelles se multiplient. Certains maires actent dans les registres de la ville que tel fléau était dû aux sorciers.

Ainsi, la Réforme – qui veut un retour aux sources du Christianisme - entretient la terreur et les comportements néfastes.

· XXIème siècle

L’Etat entretient largement la peur par des chiffres alarmistes – qui peut vérifier ces chiffres ? Il annonce ainsi un nombre de cas et de morts croissant chaque semaine. Il édicte des règles, et envoie la Police veiller à leur bon respect. Des amendes sont dressées pour appuyer l’idée que Ô combien il est important de rester chez soi. Des applications sont créées pour indiquer où se trouvent les personnes touchées par le virus autour de soi… pour mieux les éviter ? ou les sommer de quitter l’immeuble ou la planète pour épargner sa petite personne ? Des informations floues sont données par les autorités, souvent contradictoires, qui ne font qu’apporter et entretenir l’ignorance et la confusion dans l’esprit des gens et nourrir la peur.

Autrement dit, volontairement ou pas, l’Etat maintient cette peur, tournent des personnes déjà isolées les unes des autres les unes contre les autres, et crée et entretient les comportements répréhensibles cités plus haut.

La Réforme souhaitait un retour aux sources du Christianisme. Que veulent les gouvernements aujourd’hui ?


4. Chapitre 4ème – Je vous parle des personnes touchées

· XVIIème siècle

L’écrasante majorité des Français – François, disait-on alors -, qu’ils soient érudits ou ignorants, de la ville ou de la campagne, hommes ou femmes… sont convaincus de l’existence des sorcières et sorciers et des démons, encouragés, on l’a vu, par les pouvoirs en place : chacun est susceptible d’être possédé, et beaucoup le sont déjà.

En effet, beaucoup le sont, et nous tenons cette certitude des signes qu’ils présentent. Des signes différents de l’un à l’autre, mais bel et bien des signes de possession démoniaque : secousses, malaises, pâleur…

Fort heureusement, les enfants baptisés sont davantage épargnés.

On croit, on sait que l’on peut être possédé, alors on en ressent les signes, alors on en voit les preuves.

· XXIème siècle

L’écrasante majorité des Humains sont convaincus de l’existence et de la circulation de ce virus très contagieux et mortel. Les Humains le savent car on leur a dit.

Et en effet, il y a beaucoup de personnes malades du COVID-19. Elles ont été diagnostiquées souvent à distance, par téléphone, par un médecin qui a conclu que fièvre, toux et fatigue ne pouvaient être attribuées qu’à cette maladie causée par ce virus, tout comme la perte de goût.

Fort heureusement, les enfants vaccinés sont davantage épargnés.

On croit, on sait que l’on peut être malade, alors on en ressent les signes, alors on en voit les preuves.

Quant aux personnes malheureusement décédées, la maladie a-t-elle causé leur mort ? Différents facteurs comme des pathologies déjà présentes n’auraient-elles pas pu causer la mort ? Le traitement n’aurait-il pas pu causer leur mort ? Non, c’est le virus puisqu’on sait qu’il est là, contagieux, mortel… et décidément très envahissant.


5. Chapitre 5ème – Je vous parle des personnes qui prennent du recul par rapport à la situation

· XVIIème siècle

Les sceptiques sont comparés à des athées, et leurs paroles et écrits soumis à la répression. En effet, à ce moment-là, tout ce qui remet en cause les notions établies sont suspectes aux yeux de l’Eglise. Il ne s’agirait pas de brûler au bûcher pour avoir douté de l’existence des démons…

· XXIème siècle

Les sceptiques sont comparés à des conspirationnistes ou complotistes, et sont souvent décrédibilisés.


6. Chapitre 6ème – Je conclue

· XVIIème siècle

L’Homme est possédé par la peur.

· XXIème siècle

L’Homme est malade de la peur.

Gardons la tête froide et l’esprit critique.


Sources

« Les procès de sorcellerie au XVIIème siècle » - Frédéric Delacroix

Wikipédia – L’encyclopédie libre


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